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L’origine de CHATENOIS remonte au temps des Celtes, mais les traces de leur passage se résument à la découverte de quelques objets épars.
C’est au temps des Romains que la cité entre vraiment dans l’histoire sous le nom de CASTINETUM (lieu planté de châtaigniers). Une borne milliaire située non loin du Giessen rappelle la route romaine qui longeait les Vosges. De même, 2 dalles de grès représentant les dieux romains Mercure et Rosmerta ont été retrouvées près de la source Georgenbrunnen.

 

Puis, arrive la chute de l’empire romain et l’installation des populations franques en Alsace qui cohabitent avec la population gallo-romaine.
Là aussi, 6 sarcophages ont été retrouvés près de la même source Georgenbrunnen. Ils contenaient des squelettes, une épée et quelques bijoux. Ils peuvent être datés de vers 650 ap. JC. A noter la chapelle qui abrite cette source, édifice qui pourrait être du XVème siècle.

Au Moyen Age, le site de Châtenois au débouché de 2 vallées vosgiennes (Ste Marie et Villé) est stratégique, puisqu’il permet de contrôler le passage vers la Lorraine.
Bien sûr, il fallait un lieu fortifié pour pouvoir prétendre jouer un rôle stratégique. En 1138, une famille noble « Von Kestenholtz » est citée. Elle habitait certainement le château, peut-être implanté à l’emplacement de l’actuel grand pignon situé dnas le quartier « du château ». De l’église primitive subsiste le clocher dont la base date du 12ème siècle avec des réemplois romains.
C’est ainsi que Châtenois possède le plus grand cimetière fortifié d’Alsace qui, outre l’église et le cimetière, englobait toute une série d’habitations. L’enceinte intérieure du cimetière fortifié a été construite vraisemblablement entre 1200 et 1250 et remaniée postérieurement.
Cette enceinte était défendue par plusieurs maisons fortes occupées par des vassaux castraux. Le presbytère actuel occupe l’emplacement d’une de ces demeures nobles.

La tour des sorcères

Vers 1400, l’évolution de l’armement a amené l’évêque propriétaire de Châtenois, à construire une seconde enceinte.
La structure médiévale du cimetière fortifié de Châtenois avec un double fossé et un double rempart, actuellement en cours de restauration, reste parfaitement visible pour le promeneur qui découvre le site.
Dans ce même quartier, se dresse encore un impressionnant pignon du Moyen- Age, probablement construit entre le XIIème et le XIVème siècle, qui a été le siège de l’administration seigneuriale (Herrenhaus). C’est vraisemblablement dans les dépendances de ce bâtiment que l’évêque battait la monnaie à Châtenois dans un atelier monétaire cité entre 1296 et 1306.
Pour accéder à ce cimetière fortifié il n’existait qu’un seul accès, qui est la porte tour aujourd’hui dénommée « Tour des Sorcières » et qui avec le clocher si particulier, est l’emblème de Châtenois à travers toute l’Alsace.

En 1298, le village fut brûlé par les habitants de Sélestat parce que les Castinétains avaient détourné la rivière, en l’occurrence le Muhlbach.
En 1410, l’évêque trop endetté vendit le village au Grand Chapitre de la Cathédrale de Strasbourg qui resta le Seigneur de Châtenois jusqu’à la Révolution.
En 1444, Châtenois fut occupé par les Armagnacs commandés par le dauphin de France, le futur Louis XI.

Les remparts de Châtenois

Les bâtiments

La paix revenue, les Castinétains construisirent en 1496 l’actuelle Mairie, siège de l’administration municipale, par opposition au pignon précédemment cité et siège de l’administration seigneuriale. Ce bâtiment Renaissance est surmonté d’un clocheton. L’appel de la cloche sonnait le rassemblement des bourgeois.
5 ans après, en 1501, c’est l’auberge de l’Aigle qui est construite, imposant bâtiment Renaissance voisin de la mairie. Dès la fin du XVIème siècle ce bâtiment s’appellait, comme aujourd’hui encore, l’auberge de l’Aigle.
A noter que le village n’était pas entouré de remparts en pierre, mais uniquement d’une levée de terre et d’un fossé. 4 portes, dont ne subsiste que la porte Est, en permettaient l’accès.
Châtenois échappa à la destruction en 1525 lors de la guerre des paysans, malgré le massacre par le duc de Lorraine de plusieurs milliers de paysans à ses portes au lieu-dit Krefzen, entre Châtenois et Scherwiller.
Par contre, Châtenois sera incendié par les Suédois qui prennent le village en 1632. Disparaît alors le siège de l’administration du Grand Chapitre dont il ne reste plus que le pignon mentionné plus haut. La commune restera suédoise jusqu’au rattachement à la France en 1648.
Arrive l’heure de la reconstruction. Beaucoup des maisons anciennes datent de la fin du XVIIème siècle et de la première moitié du XVIIIème siècle. C’est aussi en 1698 la construction de la chapelle Ste Anne et en 1709 celle de la chapelle Ste Croix. Malgré les dévastations de la Guerre de Trente Ans quelques rez de chaussée de maisons du XVIème siècle subsistent.

La réalisation de l’enceinte fortifiée de Sélestat par Vauban à partir de 1681 amène à creuser un canal entre cette ville et Châtenois pour le transport du granit du Hahnenberg. Son tracé est parallèle à celui de l’actuelle RN 59.
Au XVIIIème siècle, Châtenois connaît une forte expansion démographique qui oblige la reconstruction de l’église. C’est ainsi qu’en 1761 est achevée l’église St Georges actuelle. Seul le clocher de l’église médiévale est conservé, avec ses échauguettes très caractéristiques de Châtenois.
Le chœur est baroque, ce qui est rare en Alsace (à l’exception de l’église d’Ebersmunster).
La Révolution amène nombre de tensions à Châtenois. Les révolutionnaires menacent de jeter leurs opposants, surnommés les jaunes, par les fenêtres de la Mairie.
En 1792, l’église et la chapelle sont louées comme entrepôts. Les cloches sont alors démontées.
En 1793, le maire, l’instituteur et le sacristain sont arrêtés et emprisonnées pendant que le commissaire accompagné des 13 cavaliers qui ont participé à l’arrestation, se restaurent aux frais de la Commune !

L’économie

Les événements de la Révolution et l’expansion démographique obligent la population à chercher d’autres revenus que le seul travail de la terre et de la vigne. Déjà au XVIIIème siècle, de nombreux Castinétains étaient tisserands parallèlement au travail de la terre.
Dès 1820, sous l’impulsion de la famille WOLBERT, des ateliers de métiers à tisser se créent et très vite passent sous le contrôle des grandes familles manufacturières de Sainte Marie aux Mines.
C’est le début d’une épopée industrielle qui liera Châtenois et le textile jusque dans les années 1970. Cette activité perdure même, de façon très spécialisée, dans l’entreprise HARTMANN.
Ainsi, Châtenois acquière un caractère plus ouvrier que les communes voisines de Scherwiller et Kintzheim, restées très longtemps presque exclusivement rurales.
A côté du textile, Châtenois développe dès le XVIIIème siècle d’autres activités originales, comme la meunerie (11 moulins en activité au 18ème siècle), les papéteries (du 18ème siècle jusque vers 1840), les fabriques de cigares (au début du XXème siècle), les tuileries (dès le Moyen-Âge), avec un développement industriel (aux XIX et XXème siècle), une brasserie (du 18ème jusqu’au 20ème siècle), ainsi que de nombreux ateliers artisanaux.
Châtenois est un véritable centre industriel au début du XXème siècle.
Cette activité industrielle a permis de fixer la population et a même attiré de nouveaux habitants.
En 1866, la cité comptait 4131 habitants. L’émigration vers l’Algérie et l’Amérique a concerné un certain nombre de familles pauvres à cette époque.
 

Châtenois vu du vignoble

Le XIXème et le XXème siècles

Ce développement rapide de la population incita à construire une nouvelle école, l’école actuelle, bâtie en 1867.
Le 4 août 1879, un violent incendie éclata et détruisit 120 maisons situées du côté ouest de l’axe principal. Châtenois à ce jour-là, perdu une partie de ses bâtiments historiques.
En 1911, un second incendie détruit 29 maisons dans le quartier dit Storckennest.
La densité des habitations et leur imbrication expliquent ces lourds bilans.

Ban et agriculture

Le ban de Châtenois, qui englobait jusqu’en 1926 l’annexe de La Vancelle devenue à cette date commune indépendante, possède une superficie de 1340 ha (1470 ha avec la voirie nationale et départementale) dont 170 ha de vignes (presque la moitié appartiennent à des habitants de Scherwiller et de Kintzheim) et de 189 ha de forêts soumis au régime forestier. La principale activité agricole est la viticulture.

Luc ADONETH, 
mai 2002 complété octobre 2006

Vendanges à Châtenois